Wonder R.J. Palacio traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Juliette Lê
August Pullman aimerait être un garçon de 10 ans comme les autres. Il semble mener une vie ordinaire, mais celui que tout le monde surnomme Auggie est loin d'être comme les autres. Les enfants s'enfuient en criant quand il entre dans un square et les gens le dévisagent en permanence. Qu'a-t-il donc de si particulier ?
Prix Livrentête Romans Juniors 2014
ISBN 978-2-266-23261-6 | EAN 9782266232616
Editeur Pocket jeunesse, Paris Description Broché ; 1 vol. (409 p.) ; 23 x 14 cm
«Je m'appelle August. Je ne me décrirai pas. Quoi que vous imaginiez, c'est sans doute pire.»
Né avec une malformation faciale, August, dix ans, n'est jamais allé à l'école. Aujourd'hui, pour la première fois, ses parents l'envoient au collège... Pourra-t-il convaincre les élèves qu'il est comme eux ?
Dans la lignée du Bizarre incident du chien pendant la nuit, un petit bijou de sensibilité et de drôlerie. Un roman irrésistible sur le destin peu ordinaire d'August Pullman, un enfant différent.
L'avis de Ricochet
August, surnommé Auggie,
est né avec une malformation faciale que des opérations a répétition
n'ont pas réussi à rendre acceptable, notamment aux yeux des autres
enfants. Scolarisé à la maison tant qu'il était petit, il va entrer au
collège pour la première fois. A la fois apeuré et excité par ce
changement de vie, Auggie découvre bientôt un monde de liberté, mais
aussi de rivalités et de moqueries...
C'est la construction narrative qui évite à ce gros roman le piège du
misérabilisme – attention, l'histoire d'Auggie est poignante, difficile à
supporter. Petit bonhomme courage, il va bien sûr raconter en première
ligne son quotidien avec une naïveté d'enfant choyé, ce qui n'enlève
rien à ses souffrances. Les détails physiques sont là, pas trop nombreux
toutefois, car Auggie a accepté sa différence et préfère nous parler de
ses relations aux autres.
Mais – c'est le grand intérêt du livre - il ne sera pas le seul à
s'exprimer : sa sœur Olivia, des amis et parfois même des ennemis du
collège nous disent aussi leur façon de côtoyer le jeune garçon. La
multiplicité des points de vue replace donc le handicap dans un contexte
assez large, moins consensuel (on peut ainsi citer Olivia expliquant la
difficulté de passer toujours derrière ce petit frère adoré).
Au centre des récits des uns et des autres revient sans cesse la
question de la « normalité » d'Auggie : comment se comporter avec lui ?
Est-il contagieux ? Comment respecter ses faiblesses physiques (il
entend mal, se fatigue vite...) sans les stigmatiser ? Peut-on faire
comme si tout allait bien ? Les réponse ne viendront pas vraiment, ou
tout du moins pas facilement. La façon dont Auggie va finir par être
intégré parmi ses camarades sonne bizarrement à nos yeux européens, avec
cette idée d'esprit de corps d'un établissement scolaire contre un
autre. Passons. Après tout, l'histoire coule aisément entre les courts
chapitres et les voix qui racontent l'action, parfois lente, parfois
brusque voire brutale. Et le plus important reste la sociabilisation
réussie du héros. C'est donc une fin heureuse, qu'on ne peut s'empêcher
malgré tout de penser provisoire : Auggie, poussé par l'amour que lui
porte les siens, sûr d'avoir des enfants un jour, devra sans doute
batailler pour se faire accepter à chaque changement d'environnement...
L'auteure gage qu'il en aura largement le courage, et on adore la croire
dans ce livre sur un fil de finesse touchante. Sophie Pilaire Voir la chronique de Sophie Pilaire
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